Électrons Libres a pour ambition de partir à la découverte des potentialités du jeu. Part de hasard, chance, probabilité… jouer rime souvent avec incertitude, comme l’ont exploré les surréalistes Jacques Prévert et Yves Tanguy en créant en 1925 le cadavre exquis, expérience consistant à élaborer à plusieurs une composition écrite ou dessinée, sans pouvoir visualiser la contribution du joueur précédent.
Jouer sous-entend également respecter les règles, mais une des particularités de l’art est de pouvoir contourner ces dernières, en perturbant l’ordre établi et en renversant les conventions, nous permettant ainsi de devenir… des Electrons Libres. A partir des années 60, dans un contexte post-dadaïste, les artistes Fluxus cherchent notamment à redonner à l’art une fonction de divertissement, afin de le désacraliser et le placer à la portée de tous.
Qu’il soit enfantin, théâtral, de hasard, d’optique ou de lumière, le jeu vient créer un état intermédiaire, un “espace potentiel” comme le nomme le psychanalyste anglais D.W. Winnicott. Il instaure en effet un rapport étrange et unique au monde, ou chacun des joueurs, par l’intermédiaire du rôle, est invité à se réinventer. Flirtant avec la réalité, brouillant les pistes de ce qui est dans et hors du jeu, ce nouvel univers fait alors apparaître des virtualités.
Dès lors, Électrons Libres se propose d’expérimenter toutes ces dimensions. Tandis que le visiteur se promènera à travers les différents lieux d’exposition, il aura la possibilité de s’engager totalement dans le jeu offert par l’œuvre. Le public sera donc invité à s’interroger sur le sens des œuvres mises à sa disposition, et à en démêler le vrai du faux. En d’autres termes, il participera activement à en démasquer les faux-semblants.